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Journal d'à ras-bord
4 novembre 2013

HERBERT

 

allumeur_a

Herbert était un rêveur. Herbert rêvait éveillé mais surtout, Herbert rêvait endormi. Car Herbert dormait beaucoup. Il rêvait de serpents enroulés autour des chaises, d’orchestres de tueurs, de marées entières de poissons extraordinaires, de jardins merveilleux féconds en cucurbitacées, d’envolées et d’éventrations…

 

- Tes rêves sont extraordinaires ! s’extasiait Marlyse.

- Bah ! Je fais les mêmes rêves que tout le monde, se dépréciait-il en se rendormant sur le champ.

 

Cependant, s’ils étaient sans doute de la même étoffe que ceux des autres humains, les rêves d’Herbert présentaient des couleurs et des nuances d’une variété chamarrée. C’est peut-être pour ça qu’il s’y complaisait tant et préférait son monde onirique à celui du réel, dans lequel il ne faisait des incursions que pour y puiser de la matière à recycler dans le rêve… Le matin – ou à tout autre moment qu’il utilisait pour se réveiller – il racontait ses rêves de la nuit – ou de la journée, s’il lui avait plu de dormir tout le jour – à Marlyse, qui dormait peu, rêvait ordinaire et travaillait dur pour assurer les revenus du ménage. Un midi – tapant - qu’il lui narrait ses songes du matin, Marlyse eut une illumination :

 

- Oui ! Tes rêves sont ceux de tout le monde ; ils jonglent avec les mêmes symboles mais les tiens sont éclaboussés de lumière !

- Comment le sais-tu ?

- Je le sais parce que cette lumière s’allume dans tes yeux lorsque tu m’en parles. Elle continue de briller en toi tout le temps que tu restes éveillé et c’est pour ça que je t’aime, mon Herbert.

- Alors, poursuivit-il, rêveur, je suis un allumeur de rêves ?

- Oui, tu es mon allumeur de rêves, Herbert !

 

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